« C’était le printemps et je regardais des Bonnard. Je contemplais ses nus chaque jour sur des catalogues, des monographies, des cartes postales ; j’allais chercher sur Internet d’autres nus — des nus que je ne connaissais pas — pour les imprimer et les avoir avec moi. »
Récit d’une fascination et exploration d’une obsession, le texte de Yannick Haenel nous plonge dans la sollicitation invincible des nus peints par Pierre Bonnard. Circulant de tableau en tableau, Yannick Haenel restitue l’intensité de sa passion avec la générosité du peintre : « […] Nu au gant bleu, Nu devant la cheminée, Nu rose tête ombrée : je me récitais ces titres comme les vers d’un poème qui me promettait son érotisme clair, sa limpidité classique. ». Chez Bonnard, nulle appropriation du modèle pour en faire le jouet de l’éros, au contraire : ce don ultime qui est celui de l’amour.
Yannick Haenel, Pierre Bonnard. Le feu des solitudes charnelles, L’Atelier contemporain, 2024.