Quand, en 1968, paraît Le Devoir de violence, premier roman du jeune écrivain malien Yambo Ouologuem (1940-2017), il est vite salué comme une œuvre qui renouvelle la littérature africaine par sa liberté de ton, l’audace de ses thèmes et une qualité d’écriture que tous reconnaissent. Le Prix Renaudot 1968, attribué pour la première fois à un auteur africain, confirmera cette reconnaissance. Pour cela, le roman deviendra et demeure à ce jour un roman-culte. Traversant huit siècles, il raconte, dans un empire imaginaire, la compromission des notables africains dans l’esclavage de leur propre peuple et leur soumission ambiguë et retorse au colonisateur. Personne, ni Européens ni Africains, ne sort indemne de ce récit qui fascine par sa magie et happe le lecteur dans ses sinuosités.
L’auteur fut aussi accusé de plagiats et, pendant cinquante ans, le roman pâtira de ces attaques. Or cette oeuvre doit se lire comme un montage vertigineux composé de réécritures de textes venus de nombreux horizons. Une épopée qui se situe au niveau des plus grandes œuvres de la littérature mondiale. Un demi-siècle après sa parution, le Seuil rétablit ce texte majeur dans la collection Cadre Rouge où il avait originellement paru.
Yambo Ouologuem, Le devoir de violence, Seuil, coll. « Cadre Rouge » réed. 2018.