L’histoire du « monstre » que Serge Doubrovsky vient évoquer à la Maison de la poésie ce soir est à elle seule tout un roman : au début des années 1970, il commence la rédaction d’un ouvrage monumental qui, selon son auteur, doit jeter les bases théoriques de ce qui sera plus tard défini comme « autofiction ». Une fois achevé, ce manuscrit compte près de 3 000 pages et aucun éditeur ne consent à le publier en l’état. Une partie, réaménagée, réduite à 450 pages, de ce livre paraît néanmoins en 1977,
sous le titre de Fils, après quoi son auteur disperse aux quatre coins du monde le manuscrit non publié.
Isabelle Grell, chercheuse et spécialiste de l’oeuvre de Serge Doubrovsky, a entrepris de rassembler pieusement ces pages, de recomposer le tapuscrit originel qui, augmenté d’une double préface, est publié en cette rentrée. L’aspect torrentueux de ce «texte retrouvé» rendait délicate une publication classique : Grasset a donc choisi de reproduire ce manuscrit, tel quel, et ce parti-pris éditorial a semblé d’autant plus légitime qu’il est en affinité avec le projet littéraire de Serge Doubrovsky.