Laure Gauthier et Olivier Mellano se sont frayés ensemble un chemin dans le texte Les corps caverneux pour en retenir certains archipels. Tandis que l’auteure tente d’imaginer en mots une musique de nos espaces vides, Olivier Mellano la puise dans le silence qui prolonge les mots et la déploie comme un halo épousant les frontières d’un au-delà du langage.
Le titre de ce récit poétique Les corps caverneux fait allusion au désir sexuel, à nos anatomies désirantes mais les « corps caverneux » désignent aussi, avant tout, les cavernes en nous par analogie avec les cavernes préhistoriques : les corps caverneux sont donc ces espaces vides, ces trous ou ces failles, que nous avons tous en commun et que notre société de consommation tente de combler par tous les moyens… Il ne s’agit pas de cabanes, de lieux précaires et provisoires à habiter hors de nous, mais d’espaces solides et intimes à défendre avant que d’aller lutter à l’extérieur. Dans chacune des séquences est évoquée une nouvelle attaque contre ces espaces intimes de respiration et de liberté, en réaction à laquelle une musique émerge, une musique de nos cavernes, qui nous permet de nous cabrer et de rester vigilants.
Laure Gauthier, Les corps caverneux, LansKine, 2022.