Une femme parle et Par elle se blesse, évoquant un amour éteint et des scènes plus lointaines, des images secrètes, des rêveries parfois cruelles. Mais d’autres voix (de femmes) viennent se mêler à la sienne et l’histoire déserte très vite la banalité du réel pour se dérouler sur un autre plan, une scène où se joue un drame moins étroitement personnel. Julia Lepère a trouvé le ton juste dans ce long poème en trois chants qui est aussi un récit impossible, lacunaire, dispersé. Evitant tout pathos, son écriture à la fois hiératique et brisée, d’une sombre beauté, dessine une figure de femme digne de l’ancienne tragédie, dans le paysage épuisé d’aujourd’hui.
Il joue encore sans me voir
De la guitare jusqu’aux ifs même écroulé
Et voilà que mes mains tentent de se faire arbre pour
L’éprouver de loin épouser sa caresse
Et voilà que l’eau monte à l’idée
D’une étrangère sous la brise des colonnes
Une lumière angulaire et son grave,
Je frappe autant que je peux sur mon clavier fixe les formes
Passées du mur
Il fait frémir les roses et ne les aimant pas, vous ai-
Je parlé de ce pouvoir qu’il avait le mienJulia Lepère, Par elle se blesse
Est dans cette porte
Laissée ouverte
Julia Lepère, Par elle se blesse, Flammarion, 2022.