Cela pourrait s’intituler situation de la poésie. Ou bien état des lieux. On pourrait encore dire, comme les navigateurs de haute mer, faire le point. Ou sur un mode plus dramatique, et pour parodier une locution aujourd’hui courante : diagnostic vital. C’est une pulsion panoramique que connaissent tous ceux qui s’affairent à la poésie. Comme si en lire, en écrire plus encore, exigeait d’abord un effort de repérage, une préoccupation topographique, l’esquisse d’un paysage mental dans lequel on puisse s’avancer.
Or la moindre anthologie poétique du passé suffit à nous instruire de la vanité de tels efforts : on ne sait où en est la poésie pour la raison que personne ne sait précisément ce que le mot signifie. Mieux vaut donc, comme toujours, s’en remettre à la phénoménologie : le poème est la forme sous laquelle se manifeste à nous la poésie. C’est à ce niveau de l’expérience qu’il convient donc d’appréhender ce qui se donne aujourd’hui à lire dans la nébuleuse éditoriale de la poésie. Au-delà (ou en-deçà) des spéculations sur l’essence de la poésie, le poème se présente d’abord comme une unité formelle dont il importe d’interroger la constitution, la tenue et la réception.
Christian Doumet, professeur à Sorbonne Université et écrivain, s’entretiendra avec Guillaume Métayer, chercheur au CNRS, traducteur et poète, pour tenter de dresser un état présent du poème.
Soirée proposée par remue.net
Christian Doumet, Faut-il comprendre la poésie ? Klincksieck, 2004.
Guillaume Métayer, A comme Babel. Traduction, poétique, La rumeur libre, 2020.