Une femme, la nuit, l’homme est retourné en Argentine, elle n’arrive pas à dormir. La nuit en ville n’est jamais silencieuse. L’obscurité est habitée par la chaudière qui claque, l’eau chaude qui circule jusqu’aux radiateurs, l’air de la ventilation, le ronron du réfrigérateur, le roulis des voitures dans la rue, des cris et des rires, ivresse du soir ou du petit matin. Et même lorsque tout s’arrête, lorsque les moteurs font une pause et les buveurs sont endormis, même lorsque je me dis enfin qu’il n’y a plus un seul bruit, demeure tout de même un souffle, une respiration, une vibration de l’air différente de celle de la campagne. La ville grésille comme un néon, elle est vivante et son cœur bat dans la nuit. Insomnie. Et tes deux mots qui résonnent, absurdes.
Sur scène Samantha Barendson met en voix ce récit, accompagnée de Kent qui rythme la lecture par la projection de ses dessins et l’interprétation de quelques chansons.
Samantha Barendson & Kent (illustrations), Insomnies, éd Lanskine, 2024.