« Rien n’est Vrai, tout est vivant » (Édouard Glissant).
Vivre poétiquement la forêt, c’est d’abord en ressentir la « puissance ». Puissance du vivant qui s’y manifeste, puissance de peuples et de communautés qui se dressent dans leurs replis sylvestres. Par « forêt », nous entendons moins un écosystème que la poussée indocile du vivant qui, toujours, s’oppose en nous au mouvement courbe de l’humiliation, de la servitude contrainte ou volontaire. La poésie est célébration du cosmos, c’est un grand Oui à la vie, mais c’est justement ce Oui qui nous oblige à dire Non, à témoigner de l’immonde, de la destruction du monde (6e extinction de masse, abolition du droit d’asile, etc.). Le droit à l’opacité (É. Glissant) s’ancre dans le droit de fuite mis en œuvre par les « nègres marrons » et réfugiés : des humain.e.s qui dans leur course folle arrachent leur peau d’esclave pour endosser l’ombre striée des feuillages. Une écologie politique ne peut être que marronne…