En 1959, Maurice Blanchot avait placé en ouverture de son Livre à venir un très beau texte où il lisait le mythe conté dans l’Odyssée comme une allégorie du destin de la littérature. Philippe Beck poursuit, d’une tout autre manière, en l’approfondissant, cette réflexion sur le chant des sirènes, s’interrogeant sur ce qui est au cœur du mystère de la musique et de la poésie. Le miracle, ici, c’est que sa prose, à la fois lumineuse et obscure, parsemée de magnifiques citations-cigales de Jean-Paul Richter, de Nietzsche, de John Donne…, reste toujours à l’image de son sujet, séduisante et profonde comme la musique « savante ». Ces 48 « Dignités », ainsi que les textes plus brefs de Musique du nom, sont autant de poèmes en prose, autant de « variations symphoniques ».
Philippe Beck, Traité des sirènes suivi de Musiques du nom, éd. Le Bruit du temps, 2020.