Né il y a 120 ans à Saint-Brieuc, Louis Guilloux est notamment l’auteur d’un chef d’œuvre, Le Sang noir, qui manqua d’un cheveu le Goncourt 1935. Ses contemporains avaient pourtant bien remarqué qu’il ne s’agissait pas d’un roman ordinaire : d’Aragon à Malraux en passant par Gide, les plus grands noms de l’époque l’ont alors comparé à Dostoïevski, à Cervantès, à Flaubert. Excusez du peu. Albert Camus qui applaudit chez Guilloux un exceptionnel « romancier de la douleur », préfacera deux de ses livres : La Maison du peuple et Compagnons.
Cet hiver, Gallimard exhume le premier roman de Louis Guilloux, totalement inédit à ce jour. Ce n’est pas rien, le premier roman d’un écrivain de cette trempe, d’autant que dans L’Indésirable, rédigé en 1923, on trouve en germes tout ce qui fera la valeur peu commune de son œuvre : une interrogation sur le mal qui ronge l’humanité, une ironie mordante contre les conformismes qui rendent haineux, une attention généreuse et fine aux marginaux, aux réfugiés, et à tous ceux que la société considère comme des “ indésirables “. D’une actualité troublante…
Louis Guilloux, L’Indésirable, Gallimard, 2019. Éric Vuillard, La Guerre des pauvres, Actes Sud 2019