1925 : Raymond Radiguet est mort depuis deux ans et Jean Cocteau peine à revenir à la vie. C’est alors qu’il reçoit les poèmes griffonnés d’un certain Jean Desbordes : « Soleil, soleil, soleil, soleil, pour te louer je me mets tout nu dans mes champs et je renverse la tête, la bouche ouverte vers le haut. » Le jeune homme demande à rencontrer le Prince des poètes et le prévient :« Moi, j’aime bien faire l’amour et Dieu ne me juge pas. » C’est le début d’une idylle de sept ans dont on savait fort peu jusque-là et d’un véritable scandale littéraire, la prose hédoniste de Desbordes ulcérant la critique et l’intelligentsia catholiques qui s’acharneront à la faire passer pour du Radiguet raté. Le Glorieux et le Maudit d’Olivier Charneux raconte cet amour, ce lien esthétique et fait un très beau portrait du trop méconnu Desbordes : de l’échec injuste d’une carrière littéraire à l’héroïsme pendant la Résistance. « Jean-Jean », comme le surnommait Cocteau, mourra en 1944 à l’âge de 38 ans après avoir été torturé et n’avoir pas dit un mot du réseau pour lequel il œuvrait.
Olivier Charneux, Le Glorieux et le Maudit, Jean Cocteau – Jean Desbordes : deux destins, Seuil, 2023 – Jean Desbordes, Les Forcenés, préface de Marie-Jo Bonnet, éd. Interstices, 2022 – Jean Desbordes, J’adore, coll. Cahiers rouges, Grasset, 2009.