L’une écrit et filme. L’autre est un grand cinéaste qui entretient un rapport timoré à la matière texte. Ils se rencontrent plusieurs fois entre 1979 et 1987 ; ils échangent « deux ou trois choses » qui les aident à penser leur art et la question des relations entre l’écrit et l’image. Ils sont vifs, méchamment drôles (Sartre passe un mauvais quart d’heure) et lumineux. Ils parlent dans une école pendant la récréation, dans une automobile ou encore sur les passerelles aériennes de Lausanne. « Je lui ai dit qu’elles étaient belles. Il m’a dit que beaucoup de gens se jetaient de ces passerelles. J’ai dit qu’elles semblaient être faites exprès pour se tuer. Il m’a dit que oui. » Le ton est donné.
Duras/Godard, Dialogues, Post-éditions, 2014.