Que faire de sa vie ? Cette question si souvent posée, l’ambitieuse fresque que forme Toutes les pierres a choisi d’y répondre en scrutant les faits et les gestes de deux poètes que tout semble séparer, et d’abord le temps et les lieux : l’infatigable et souriant Li Baï (aussi connu sous le nom de Li Po), qui arpenta la Chine du VIIIe siècle, et le terrible Heinrich von Kleist, mort très jeune en 1811. Un œil en Chine et l’autre en Prusse, le texte de Didier da Silva, qui joue avec l’histoire et le réel, louche pour faire le point, les regarde marcher main dans la main, universels et solitaires, frères sans le savoir. Si la mort est au bout du chemin, insondable et tragicomique, le cercle enchanté que trace le conteur lui permet de revenir sur leurs pas et surtout de nous faire entrer dans la ronde, en musique comme il se doit : tout y est affaire de contrepoint.
Didier da Silva, Toutes les pierres, L’Arbre vengeur, 2018.