« J’aime bien cette phrase de Duras : “Trouver quoi écrire encore.”
Entre deux livres, j’ai toujours pensé, à un moment ou à un autre : ma mère, faire un livre où on la verrait. Où on verrait ce que c’est, avoir une mère. Dire ce qu’est cet amour. Et ce qu’il devient. Écrire ce que je sais depuis que je suis à son contact, c’est-à-dire toujours. Je pense à un tel livre depuis trente ans, depuis que j’écris. Pas un livre sur ma mère. Ça, ce n’était pas possible.
“Vous faites un livre sur quoi ?” On entend souvent les gens dire ça. Je ne comprends pas, un livre sur quelque chose, ou sur quelqu’un, un livre au-dessus, en surplomb, le discours sur, l’auteur au-dessus de la chose. Non. Essayer d’écrire, pour moi, c’est essayer de me souvenir que j’ai été dedans. Dans les choses. À l’intérieur des moments. Sans surplomb. En train de vivre. Pas d’avoir un discours sur. »
Lors d’une conférence à la Maison de la Poésie en septembre, Christine Angot expliquait par ces mots le cheminement littéraire, intellectuel et sensible qui l’a menée du projet d’écriture au livre lui-même, en l’occurrence Un amour impossible, œuvre majeure de cette rentrée. Pour faire entendre un tel texte, bouleversant et d’une incroyable justesse, la voix de l’auteure s’imposait.
Christine Angot, Un amour impossible, Flammarion, 2015.