« Je ne puis me dispenser de mentionner que l’Église chrétienne, qui a reçu dans son giron et mis à profit tous les arts, ne sut cependant rien faire de l’art de la danse… « La danse est maudite » dit une pieuse chanson populaire ; « quand tu vois danser, ajoute le chansonnier, pense à la tête coupée de saint Jean-Baptiste sur le plat sanglant, et la tentation infernale n’aura pas de puissance sur ton âme ».
Ce constat que dresse Heinrich Heine dans Lutèce sera le point de départ de notre enquête. D’où vient cette surprenante méfiance ? Et si, au lieu de les attribuer à l’ordre moral ou à la pudeur, si souvent invoqués, les causes à une telle exception spirituelle étaient d’une tout autre nature ? Car après tout il n’est aucune époque ou aucun lieu en Occident où l’on n’ait pas dansé… Les raisons en seraient donc assurément religieuses ? Mais selon des auteurs très savants c’est au paradis que l’on trouve les chorégraphies les plus excellentes ; et comme on le verra, rares sont les mystiques qui n’aient pas fait parler leur corps à en rendre jaloux les plus grands performeurs de notre temps.
N’y aurait-il pas quelque chose, un évènement formidable, des faits méconnus que l’on aurait oubliés, ou encore des héritages mal digérés, qui, assurément, nous aiderait à pénétrer les mystères de cet obscur paradoxe ? Serait-il possible de s’engager dans la toute première exploration d’une histoire spirituelle de la danse ?
Production : Incipit – Coproduction Le Quartz – Scène nationale de Brest
Avec le soutien de l’Onde/Théâtre-centre d’art de Vélizy-Villacoublay