Stephen Romer est l’un des poètes anglais les plus « versatiles » et européens de sa génération, dont l’œuvre se fonde sur un dialogue tour à tour émouvant ou ironique, avec les « phares » que sont pour lui Baudelaire, Nerval, Laforgue ou Valéry. Mais le poète n’a pas oublié non plus ses maîtres anglais. Et l’on peut penser à « La chanson d’amour de J. Alfred Prufrock » de T. S. Eliot pour cette forme d’humour subtil, très britannique, qu’il retourne le plus souvent contre lui-même et la figure du poète aux prises avec ses chimères, mais dont il sait aussi se servir pour lancer quelques flèches aux désordres de l’époque, dans des poèmes narquois qui sont autant d’actes de résistance à la langue de bois actuelle.
Stephen Romer, Le fauteuil jaune, trad. de l’anglais par Gilles Ortlieb et Antoine Jaccottet, éd. Le bruit du temps, 2022.