« Je travaille en plusieurs états successifs. Cela commence par le carnet. Il est dans la poche. […]. Le carnet correspond à cette dictée possible de quelques ébauches, dans la journée, à tout moment, à tout propos » (entretien avec Michel Collot, Grand cahier Michel Deguy, Le bleu du ciel, 2007).
Une rencontre fortuite sur le boulevard St-Michel, par une journée ensoleillée d’août 2014, le kiosque à journaux se souvient, petit espace pensif où « tout se tolère et se juxtapose ». Le recueil de Michel Deguy, Ouï dire (1966), que je transporte avec moi ce jour-là, collationne en strates successives la pensée poétique, voyageuse et mosaïquée de l’être en langage cabotant les rivages de l’allégorie. Ainsi, « comment appellerons-nous ce qui donne le ton ? » chez Deguy, le jaillissement du dire poétique émeut jusque dans la réciprocité du « même » qui, délivrant du nom la métamorphose, en examine la confidence intime, et nous conduit vers son apocalypse profane (l’étymologie grec du mot « apokalupsis » signifiant littéralement « révélation » ou « dévoilement »).
Cet entretien, organisé par les étudiants en Master de Création littéraire de l’université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis et mené par Thomas Goguet, étudiant et poète, se donne pour objectif de découvrir et d’approfondir le parcours et l’œuvre poétique de Michel Deguy, poète et essayiste, anciennement professeur de lettres en cette même université.
Michel Deguy, La Pietà Baudelaire, Belin, coll. « L’extrême contemporain », 2013.