Le narrateur de ce double roman (la trentaine, en couple avec un garçon) rencontre Marin (la vingtaine) sur Instagram. Ils se plaisent. Le désir monte. Des centaines de kilomètres les séparent. Ils finiront par passer une nuit unique – dans tous les sens du terme – ensemble. C’est l’objet d’Un coup d’un soir qui épingle admirablement la mécanique du désir et du sentiment naissant à l’heure des réseaux. Mais il y a cet autre livre qui suit – Dans le lit de Marin – que le narrateur aurait franchement préféré ne pas avoir à écrire. Car voilà : après cette nuit mémorable, l’un veut à tout prix revoir l’autre, mais l’autre est hanté par la culpabilité et l’envie de vivre une relation hors de la clandestinité. L’un insiste, s’accroche ; l’autre accepte de le revoir mais « en tout bien tout honneur ». Sauf qu’on ne sait jamais où peut conduire un désir si farouche… Deux romans en un : glaçants, extraordinairement justes. Guibert et Dustan ne rougiraient pas de ce talentueux héritier bien d’aujourd’hui.
Mathieu Bermann, Un coup d’un soir & Dans le lit de Marin, P.O.L., 2019.