C’est sans doute parce que Pasolini reste le poète qu’il voulut être avant toutes choses et qu’il le fut en toutes choses au risque d’emprunter un ton que l’époque ne voulait plus entendre que son œuvre ne cesse de déflagrer dans notre présent, d’ouvrir des intensités imprévues, de capter, par-delà sa lettre même, certaines de nos aspirations. Il aurait eu cent ans le 5 mars 2022. La revue Po&sie qui a présenté des traductions et des commentaires de son œuvre à plusieurs reprises ne cesse de se laisser ébranler par cette force qui n’est pas seulement du passé.
Pour fêter cet anniversaire et célébrer cette œuvre, nous évoquerons l’amitié qui lia Pier Paolo Pasolini et Biagio Marin à l’occasion de la parution de Une amitié poétique, traduit et présenté par Laurent Feneyrou et Michel Valensi. Faire se retrouver dans un même volume le poète Biagio Marin (1891-1985), connu de quelques initiés et dont l’œuvre en dialecte semble être aussi infinie que la lagune qui fait face à la petite ville de Grado, entre Trieste et Venise, et Pier Paolo Pasolini (1922-1975), célébré dans le monde entier comme l’horizon d’un siècle dont il fut l’icône pourfendue, est de l’ordre du naturel. Ces deux hommes, que plus de trente années séparent, furent amis.
Un siècle après la naissance de Pasolini, cette amitié poétique permet de redécouvrir un pan trop peu connu de la littérature de la péninsule italienne.
Biagio Marin, Pier Paolo Pasolini, Une amitié poétique, trad. et présenté par Laurent Feneyrou et Michel Valensi, avec une postface de Massimo Cacciari, éd. de L’Éclat, 2022.
La revue Po&sie est publiée aux éditions Belin.