« J’avais sept ans quand j’ai perdu un petit frère de la mort subite du nourrisson. Loïc avait trois mois et un jour. Sa présence, si éphémère fût-elle, a imprégné toute ma vie. » Karine Reysset délaisse la fiction pour ce récit intime, qu’elle porte en elle depuis longtemps. Une « tentative d’autobiographie » précise et opiniâtre qui raconte l’absent et l’empreinte laissée tout en cherchant les images manquantes : « J’ai appris que l’art ancestral japonais du kintsugi consistait à réparer un objet cassé, souvent une céramique, en soulignant ses brisures avec de la poudre d’or, au lieu de s’efforcer de les masquer. Moi aussi, je dépose de l’or sur ma mémoire lézardée… » À travers les photos, les reliques, les lettres et des légendes, la douleur de la perte s’écrit, ainsi que la réparation des vivants.
Karine Reysset, Trois mois et un jour, Flammarion, 2022.