« Il est parti chercher un endroit neuf, un endroit intact, sans médecin et sans maladie, sans psychiatre et sans douleur, sans peur, sans rien de moderne, sans ces femmes qui le persécutent, sans chute d’âme, il est parti chercher un monde fait pour lui. Sans moi ? Je sais bien, moi, qu’il ne le trouvera pas. »
La mère d’Antonin Artaud tient un journal où il n’est question que de son fils. Parce qu’il ne cesse de disparaître, parce qu’elle s’épuise à le chercher. Parce qu’on l’interne, on le dit fou, alors elle tente désespérément de comprendre. Ce fils est un génie, elle le sait. Et le monde ne lui vaut rien précisément parce qu’il est génial. Ou a-t-elle mal fait… ? On la croit folle, elle aussi. Mais ce n’est peut-être pas ça. Peut-être n’est-ce que l’amour.
Justine Lévy, Son fils, Stock, 2021.