Emmanuelle Pagano a construit un livre avec des fragments qui vont de deux lignes à quelques pages. Des copeaux, des bouts, des bribes, pour dire la manière dont les êtres s’aiment, se nouent et se dénouent, s’unissent et se séparent. Tour à tour petits ou grands, gais ou douloureux, ces morceaux de vie pourraient sembler sans rapport les uns avec les autres. Ils sont pourtant tenus par un même fil : celui de la pelote déroulée par l’un des personnages pour conserver l’âme de son compagnon disparu, celui qui lie les êtres dans leur amour, dans leurs rencontres, dans leur séparation – celui qui nous anime tout simplement. Emmanuelle Pagano use d’une langue extrêmement imagée, qui creuse, explore, enveloppe ou enlace, comme le font celles et ceux qu’elle décrit. Chaque parcelle d’histoire devient alors un instant de vérité pleine, au plus près des corps et des mots.
Emmanuelle Pagano, Nouons-nous, P.O.L , 2013.