Dernier volet d’une trilogie non préméditée sur le hasard et la destinée, Dans la nuit du 4 au 15 se penche méthodiquement sur chaque jour de l’année – l’éphéméride comme forme heureuse – et frotte entre eux les événements et les figures (1200 héros à peu près) dans l’espoir qu’en jaillissent des étincelles sinon éclairantes, du moins jolies à regarder. Une année durant, Didier da Silva a rêvé que le monde voulait dire quelque chose, que chaque jour était un roman, un conte moral, un rébus ou une mise en garde, une énigme et sa solution. Son livre-calendrier met en scène avec humour souvent, gravité parfois, mauvaise foi toujours, la cohérence des jours ou leur folie, sachant bien que la cohérence est une folie qui a réussi ; il s’abandonne à l’euphorie des coïncidences, l’ivresse des symétries, scrute les variations surprenantes de l’éternel retour : la vaste histoire du monde et des hommes y est une sorte de parc d’attractions, à la fois grande roue et maison hantée, pêche miraculeuse et palais des glaces. Au lecteur, à présent, de s’y égayer.
Didier Da Silva, Dans la nuit du 4 au 15, préface de Jean Echenoz, Quidam éditeur, 2019.