Qu’est-ce qui a poussé Sonia A., peintre espagnole de 23 ans, à se défenestrer nue sur le pavé de Queensway, Bayswater à Londres, ce jour de septembre 1945 ? Le roman superbe et intense de David Bosc tente de suivre la trace fuyante de Sonia, d’établir le journal de cette femme qui cherche à se perdre dans les rues ravagées de Londres, dans la ville rendue à la nuit par le black-out, dans les forêts environnantes, dans les caves à jazz, dans l’emmêlement des corps et dans les méandres de ses propres dessins. Poursuivant un désir à quoi rien ne saurait répondre, elle amorce un envol qui n’aura pas de fin. La lecture ne pouvait pas être mieux accompagnée que par les chansons du duo ARLT. Leur dernier album Deableries tisse magnifiquement un fil de fragilité et d’accidents. On y croise des oiseaux qui cassent, des pièges à loups posés dans le centre-ville, mais aussi des grandes filles un peu folles.
David Bosc, Mourir et puis sauter sur son cheval, Verdier, 2016.
À écouter – ARLT, « Deableries », Almost musique, 2015.
Avec le soutien de Pro Helvetia.