Il y a quelques années Bertrand Schefer découvre les images de Doug Prince qui en 1976 avait photographié son amie Francesca dans l’atelier délabré qu’elle occupait à Providence. À l’endroit même où elle mettait en scène ses propres images, s’exposant souvent nue, floue, masquée, dissociée. Le choc de la révélation de ces images précède celui des photos de Woodman elle-même, lors de la toute première exposition qui lui est consacrée en France, en 1998 aux Rencontres d’Arles. « C’est la personne que je voulais comprendre, voir, connaître », comprend Bertrand Schefer. Toutes ses photographies dessinent un impossible et inaccessible autoportrait. Il entreprend alors le récit personnel de cette « rencontre », et cherche dans sa vie à retrouver ou rejoindre Francesca Woodman. Tantôt comme figure amoureuse à jamais perdue, tantôt comme dernière lueur d’un mythe de l’artiste anéanti d’avoir rencontré trop tôt son œuvre et brisé par le cynisme de la réussite.
Bertrand Schefer, Francesca Woodman, P.O.L., 2023.