Black Museum est un récit qui se déroule entre la France et la Tanzanie, une « comédie de brousse » où les fictions romantiques de l’Occident viennent buter sur les réalités de la savane africaine. Autour d’un peuple nomade, les Hadza, que tout le monde observe et « muséifie », chacun s’emploie à faire tourner sa boutique : le prêtre, l’anthropologue, l’imprésario local, le journaliste… Mais, intrigué par ce peuple de chasseurs-cueilleurs sur lequel initialement il venait enquêter, Alexandre Kauffmann va s’installer en Tanzanie et s’immiscer dans la vie de ces archers pacifiques. Ce faisant, il revisite son passé, essaie désespérément de dissoudre son jugement et ses valeurs dans la savane et interroge aussi bien les servitudes de la vie sédentaire que les fondements de nos sociétés. Quant aux principaux intéressés, les Hadza, ils traversent distraitement cette comédie, ne laissant derrière eux que des pointes de flèches et des éraflures sur les acacias.
Empruntant au récit de voyage, à la satire sociale et au journalisme gonzo, Alexandre Kauffmann brosse un tableau tout aussi pertinent que réjouissant de nos fantasmes anthropologiques et nous conduit à la frontière incertaine entre la ressemblance et l’altérité. Black Museum se lit aussi comme l’histoire d’une « métamorphose tranquille », où une vie occidentale se réconcilie avec elle-même dans la savane.
Alexandre Kauffmann, Black Museum, Flammarion, 2015.