C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs après un déménagement en Bretagne. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition épuisante et la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène.
Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes. L’adaptation scénique et musicale de ce premier roman, écrit sans ponctuation, telle une longue litanie, sera précisément la recherche de cette humanité à travers la mélodie, au-delà d’un rythme, souvent mécanique, imposé par le travail à la chaîne et la tentative de s’en échapper. À mi-chemin entre lecture et chanson, la musique – naturellement rock et électronique – orchestre ce combat « humain contre homme-machine ».
Joseph Ponthus, À la ligne – Feuillets d’usine (Grand Prix RTL/Lire 2019, Prix Régine Deforges 2019), La Table Ronde, 2019.
Une coproduction : La Station Service, la Carène et Hydrophone.